10/02/2018

Tortues à l'infini/Turtles All The Way Down, John Green


Résumé


Aza, seize ans, n'avait pas l'intention de tenter de résoudre l'énigme de ce milliardaire en fuite, Russell Pickett. Mais une récompense de cent mille dollars est en jeu, et sa Meilleure et Plus Intrépide Amie Daisy a très envie de mener l'enquête. Ensemble, elles vont traverser la petite distance et les grands écarts qui les séparent du fils de Russell Pickett : Davis.
Aza essaye d'être une bonne détective, une bonne amie, une bonne fille pour sa mère, une bonne élève, tout en étant prise dans la spirale vertigineuse de ses pensées obsessionnelles. 
Aza, Daisy, Davis, trio improbable, trouvent en chemin d'autres mystères et d'autres vérités, celles de la résilience, de l'amour et de l'amitié indéfectible.

Ce que j'en ai pensé


Ce roman comme tous les romans de John Green traite de cette période si mouvementée, si compliquée, si fragile qu'est l'adolescence. L'auteur a une prédilection pour les personnages brisés, en souffrance. Des personnages que leurs imperfections rendent touchants et attachants. Ici, il se penche sur les maladies psychologiques et les pensées intrusives à travers le personnage d'Aza. Celle-ci vit repliée sur elle-même, enfermée dans une spirale de pensées qui ne cesse de se resserrer autour d'elle, jusqu'à l'étouffer. La jeune fille a une conscience aiguë du nombre de bactéries qui vivent dans son corps et qui sont plus nombreuses que ses propres cellules, elle vit dans la crainte permanente de contracter la maladie du Clostridium difficile, elle est obnubilée par le besoin de se purger en se faisant saigner le doigt. Elle vérifie toujours la qualité de son sang et dès qu'elle remarque une légère dilution, il lui faut du mettre du gel antibactérien avant d'appliquer un pansement. Elle vit en décalé, dans un monde où elle ne s'intègre pas, où ses rapports avec les autres sont difficiles car elle pense (à juste titre ou non) qu'ils ne la comprennent pas. 
Cette anti-héroïne est aidée dans sa quête d'identité par une meilleure amie fantasque, fan de Star Wars. Une vraie pipelette qui a le mérite de supporter cette amie quelque peu encombrante qu'est Aza. John Green n'oublie pas de montrer combien il peut être difficile pour l'entourage d'une personne malade psychologiquement de s'en accommoder. Les relations ne peuvent être que bancales, fragiles et tendues. 
Le personnage de Davis instille la romance chère à l'auteur dans ces romans. L'amour est salvateur pour John Green et les amours d'adolescents sont bien plus profonds et rêveurs qu'ils ne le sont en réalité. Davis parsème l'histoire de citations bien choisies, au sens mystérieux. Ces pensées sont bien plus torturées, complexes, réfléchies, philosophiques qu'une personne normale. Quand on lit ce qu'il dit, pense, écrit, c'est comme essayer d'attraper une bulle de savon. On croit l'avoir et puis elle explose et se volatilise. On comprend mais pas complètement. Comme si c'était notre inconscient qui répondait. 
Tortues à l'infini est un page-turner que j'ai lu (ou plutôt avalé) en quelques heures. Il est écrit avec poésie, sensibilité, profondeur. Un très beau roman. Et même si l'intrigue peut paraître fantasque, les réflexions sur la vie, la mort, l'amour, la maladie sonnent vrais et résonnent au cœur de notre être. Un grand roman. La preuve que la littérature pour adolescents peut être philosophique. 


Summary


Sixteen-year-old Aza never intended to pursue the mystery of fugitive billionaire Russell Pickett, but there's a hundred-thousand-dollar reward at stake and her Best and Most Fearless Friend, Daisy, is eager to investigate. So together, they navigate the short distance and broad divides that separate them from Russell Pickett's son, Davis.
Aza is trying. She is trying to be a good daughter, a good friend, a good student and maybe even a good detective, while also living within the ever-thightening spiral of her own thoughts.

My thoughts


This novel, like all the novels written by John Green, deals with this period so eventful, so complicated, so fragile that adolescence is. The author has a predilection for broken, suffering characters. Characters whose imperfections make them touching and endearing. Here he is interested in psychological illnesses and intrusive thoughts through the character of Aza. She lives loked in a spiral of thoughts that keeps tightening around her, threatening to stifle her. The girl is acutely aware of how mani bacteria live Inside her body and outnumber her own cells, she lives in constant fear of contracting the Clostridium difficile disease, she is obsessed with the need to purge herself by making her finger bleed. She always checks the quality of her blood and as soon as she notices a slight dilutions, she needs to put antibacterial gel before applying a bandage. She lives offbeat, in a world she doesn't fit in, where her relationships with others are difficult because she thinks (rightly or not) that they do not understand her. This anti-heroine is helped in her quest for identitiy by a her fancicul best friend who is a Star Wars fan. A real chatterbox that has the merit of supporting this somewhat cumbersome friend. John Green doesn't forget to show how difficult it can be for the entourage of a psychologically ill person to cope with her. Relationships can only be wobbly, fragile and tense.
The character of Davis instills the romance dear to the author in his novels. Love is saving for John Green and teenage loves are much deeper and dreamy than they really are. Davis sprinkles the story with well-chosen quotes with a mysterious meanig. His thoughts are far more torture, complex, thoughtful, philosophical than the common person. When you read what he says, thinks, writes, it's like trying to catch a soap bubble. When you touch it, for a very short moment, you think you got it and then it explodes and evaporates. We understand but not completely. As if it was our subconscious who answered.
Turtles All The Way Down is a page-turner that I read (or rather swallowed) in a few hours. It is written with poetry, sensitivity, depth. A beautiful novel. And even if the plot may seem whimsical, the reflections on life, death, love, illness sound true and resonate at the heart of our being. A great novel. Proof that teen literature can be philosophical.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire