RESUME
Souvent aux beaux jours, Agustina grimpe sur les hauteurs du village pour s'allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C'est là, dit-on, qu'elle fut conçue, avant d'être confiée aux bons soins de la chère Nina, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices. Singulière, arrogante et tendre, Agustina ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salomon. Mais Agustina fomente elle aussi un grand voyage : l'ascension de la "Montagne", huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d'en haut…
CE QUE J'EN AI PENSE
C'est le premier roman de l'écrivaine. Et je suis subjuguée. Je suis complètement émerveillée par cette façon d'écrire tellement juste, tellement profonde. Il n'y a pas beaucoup d'action. C'est un roman de contemplation. L'héroïne, Agustina, est en construction. Ses jambes ne la portent pas, elle est obligée de se déplacer avec des béquilles. Alors elle rêve de gravir la montagne de huit cent quarante-quatre mètres qui surplombe le village où elle vit avec Nina, une vieille dame. La mère d'Agustina, une chercheuse, se trouve dans un pays tropical lointain où elle étudie les oiseaux. Elle envoie à sa fille de courtes lettres. Le récit est entrecoupé de ces missives qui décrivent un lien mère-fille distendu. La maternité, une maternité décalée, dysfonctionnelle est un thème cher à l'écrivaine qui est récurrent dans ses romans. Dans la vie d'Agustina, il y a aussi un homme, Vermundur, qui fait office d'oncle bienveillant pour la jeune fille. Et puis il y a Salomon, son amoureux. C'est ainsi que nous découvrons Agustina : par ses rêveries et par ses rapports avec les autres. Son histoire nous est racontée de façon à la fois intime et pudique, avec cette prose poétique, douce et rêveuse caractéristique d'Audur Ava Olafsdottir. Il y a parfois des phrases énigmatiques qui sonnent vraies mais dont on est pas sûr d'avoir compris le sens, d'avoir capturé l'essence. Elles flottent au-dessus de nous et on tente de les attraper. Ce sont des réflexions sur la vie tout simplement. Il y a des descriptions de paysage avec des couleurs nettes, des détails qui semblent insignifiants et toujours une impression vaporeuse. Il y a des éclats de vie, des morceaux de quotidien : la fabrication du boudin, la cuisine de la rhubarbe, une pièce de théâtre du village, un cours de couture… L'écrivaine enchante cette banalité, elle lui donne une importance, une poésie. Ses mots me bouleversent et me laissent dans un état d'extase. Pour moi, Audur Ava Olafsdottir est une magicienne de l'écriture. Elle m'ouvre les yeux sur un monde singulier, cotonneux et subtil. Un vrai trésor.
MY THOUGHTS
This is the first novel of the writer. And I am subjugated. I am completely moved by her way of writing so truthfully, so deeply. There is not much action. It is a novel of contemplation. The heroine, Agustina, is building herself. Her legs can't move so she is forced to walk with crutches. Then she dreams of climbing the mountain of eight hundred and forty-four meters overlooking the village she lives in with an old lady called Nina. Agustine's mother, a researcher, is in a tropical country where she studies birds. She sends her daughter short letters. The story is interspersed with these missives that describe distended mother-daughter link. Motherhood, a quirky, dysfunctional one is a common theme in the author's books. In Agustina's life there is also a man, Vermundur, who acts like an uncle towards the teenager. And then, there is Salomon, her lover. This is how we discover Agustina: through her dreams and her relationships. Her story is told in both an intimate and bashful way, with this poetic, sweet and dreamy prose characteristic of Audur Ava Olafsdottir. There are often enigmatic sentences that sound true but that we are not sure to understand, to have captured the essence. They float above us and we try to catch them. These are reflections on life. There are landscape descriptions with bright colors, seemingly insignificant details and always a vaporous impression. There are fragments of life, pieces of the quotidian: the making of boudin, rhubarb cooking, a play, a sewing class… The writer enchants this banality, gives it importance, poetry. Her words move me and put me in a state of ecstasy. I think Audur Ava Olafsdottir is a magician of writing. She opens my eyes to a singular, cottony and subtle world. A real treasure.
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