14/09/2019

Or/Hotel Silence, Audur Ava Olafsdottir


RESUME


"Je n'ai pas touché la chair nue d'une femme - pas délibérément en tout cas -, je n'en ai pas tenu une seule entre mes bras depuis huit ans et cinq mois, c'est-à-dire depuis que Gudrun et moi avons cessé de coucher ensemble, et il n'y a aucune femme dans ma vie, en dehors de ma mère, mon ex-femme et ma fille - les trois Gudrun. Ce ne sont pourtant pas les corps qui manquent dans ce monde et ils ont assurément le pouvoir de m'émouvoir de temps à autre en me rappelant que je suis un homme."
Sans plus de réconfort à attendre des trois Gudrun de sa vie - et inspiré par sa propre mère, ancienne prof de maths à l'esprit égaré, collectionneuse des données chiffrées de toutes les guerres du monde -, Jonas Ebeneser se met en route pour un voyage sans retour à destination d'un pays ravagé, avec sa caisse à outils pour tout bagage et sa perceuse en bandoulière. 

CE QUE J'EN AI PENSE


Ce livre est l'avant-dernier roman d'Audur Ava Olafsdottir que je n'avais pas encore lu. Encore une fois je suis émerveillée par cette écriture, par ce mélange de pudeur, de détachement et d'intimité, par cette poésie du banal, par ces dialogues énigmatiques et profonds. Audur Ava Olafsdottir rend magique l'ordinaire.
Tous ces personnages sont en quête d'identité. Ici Jonas, divorcé, quarante-neuf ans, père d'une grande fille, a perdu le goût de vivre. Il est à la recherche de sens. Dans sa vie, il n'y a plus que sa mère en maison de retraite dont l'esprit divague, sa fille qu'il voit de temps à autre mais qui a sa vie à elle à présent et son voisin, un mécano féministe sensible. Jonas désabusé, blasé va partir. Un aller simple pour un pays rescapé de guerre, qui tente de se relever de ses ruines. Là, il va rencontrer un frère et une soeur qui essaient de remettre à flot un hôtel, un enfant né pendant la guerre dont le père est mort assassiné, un restaurateur qui rêve d'une porte de façon western. Avec eux, il va découvrir que c'est parfois en aidant les autres que l'on se retrouve soi même.
Tous les personnages d'Audur Ava Olafsdottir sont attachants. Ils sont tous un peu philosophes, un peu égarés, pleins de sensibilité. L'écrivaine nous offre leur regard sur le monde, leur regard sur leur quotidien et nous délivre ainsi un message inestimable : chaque chose même la plus petite chose a une valeur. Avec sa prose toute en délicatesse, en suggestion, en subtilité, Audur Ava Olafsdottir parle à notre âme, à notre humanité. 
C'est beau et émouvant. C'est fort et profond.  


SUMMARY


Jonas Ebeneser is a handy DIY kind of man with a compulsion to fix things, but he can't seem to fix his own life. On the cusp of turning fifty, divorced, adrift, he's recently discovered he is not the biological father of his dauthter, Gudrun Waterlily, and he has sunk into an existential crisis, losing all will to live. As he visits his senile mother in a nursing home, he secretly muses on how, when and where to put himself out of his misery.
To prevent his only daugther from discovering his body, Jonas decides it's best to die abroad. Armed with little more than his toolbox and a change of clothes, he flies to an unnamed country where the fumes of war still hover in the air. He books a room at the sparsely occupied Hotel Silence, and there he comes to understands the depths of other people's scars while beginning to see his wounds in a new light. 

MY THOUGHTS


This book is the second to last novel by Audur Ava Olafsdottir that I had not yet read. Once again, I am amazed by this writing, by this mixture of modesty, detachment and intimacy, by this poetry of the banal, by these egnimatic and profound dialogues. Audur Ava Olafsdottir makes the ordinary magical.
All here characters are in search of identity. Here Jonas, divorced, forty-nine years old, father of a great daughter, has lost the desire to live. He's lookng for meaning. In his life, there is only his mother in a retirement home whose mind wanders, his daughter whom he sees from time to time but who has her life now and his neighbor, a sensitive feminist mechanic. Disillusioned, jaded, Jonas will leave. A one-way ticket to a country that has survived the war and is trying to rise from its ruins. There, he meets a brother and a sister who are trying to get a hotel afloat, a child born during the war whose father died murdered, a restaurateur who dreams of a western style door. With them, he will discover that it is sometimes by helping others that we find ourselves. 
All the characters of Audur Ava Olafsdottir are endearing. They are all a little philosophers, a little lost, full of sensitivity. The writer offers us their gaze on the world, their gaze on their daily life and thus delivers us an invaluable message: even the smallest thing has a value. With her prose full of delicacy, suggestion, subtlety, Audur Ava Olafsdottir speaks to our soul, to our humanity.
It's beautiful and moving. It's strong and deep.

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